Posted in De bonne heure et de bonne humeur

Oh hey

17 septembre 2011 - 17:17

(Je sais j’ai une semaine de retard, que voulez vous)

Je crois qu’il est à peu près l’heure où j’ai appris, il y a 10 ans, l’attentat du World Trade Center.

J’étais en Suède depuis pas loin de deux mois pour mon année Erasmus, à Lund (la ville où j’allais étudier) depuis plus de 15 jours, j’avais fini par dégotter une chambre chez une vieille bique parce le logement étudiant là-bas, c’est pas au point, et je n’ai absolument aucune idée de ce que j’ai pu faire cet après-midi là.

Tout ce que je sais, c’est que je me sentais un peu seule (j’avais déjà des tas de copains, mais tout le monde était dans son Korridor) (sa cité U, quoi), et que moi, j’avais un petit moral. Et le 11 septembre, vers 20H50, j’attendais avec soulagement le seul programme télévisé que j’avais jugé digne de moi ce soir-là : un épisode de Dawson’s creek.

Quand j’ai zappé sur la chaîne, entre 20h50 et 21H, donc, ça ne m’a trop surpris de voir une bande de type autour d’une table en train de parler en suédois sur un ton un peu sérieux.

Ca m’a un peu plus agacée, quand à 21h05, je ne voyais aucun signe de fin, chose assez surprenante puisque je savais déjà que les suédois étaient plutôt des gens ponctuels.

A 21h10, j’ai fini par me dire qu’il avait dû se passer un truc. Sur les autres chaînes aussi, il y avait des tas de gens qui parlaient en suédois d’un ton très sérieux.

J’ai fini par passer sur Euronews.

Sur cette chaîne, les infos passent en boucle toutes les huit minutes. Je crois qu’il m’a fallu trois ou quatre boucles pour comprendre, dans l’ordre :

  • qu’une tour du WTC s’était effondrée.
  • Que des avions avaient percuté une (ou deux) tours
  • qu’il y avait également eu un crash au pentagone
  • qu’un avion s’était écrasé quelque part dans la nature
  • qu’en fait les deux tours du WTC s’étaient effondrées.

(Je venais d’arriver et j’avais fait anglais LV2, j’étais pas très forte à l’époque).

J’ai essayé d’appeler ma mère mais ça n’a pas répondu. La vieille bique est rentrée et je ne me souviens pas bien de ce qu’elle m’a dit, ça parlait de Bush qui parlait de dieu. Je suis allée me coucher.

Le lendemain matin, je suis allée à la Library où il y avait foison d’ordinateurs bien évidemment connectés à internet, et je suis allée voir les journaux français en ligne pour comprendre réellement ce qu’il s’était passé. Pour éviter la surcharge de visites il y avait un site dédié. Je crois que j’ai envoyé un email à ma mère, ou répondu je ne sais plus, je ne me souviens pas trop en avoir parlé avec camarades, ou alors plus tard, genre une semaine après (il faut dire que ma copine Christa n’a pas eu de cours cette semaine-là car elle devait suivre le séminaire d’un professeur américain qui, du coup, n’avait pas pu prendre l’avion). C’est probablement la conséquence matérielle la plus directe qu’a eu le 11 septembre sur mon entourage immédiat.

De cette histoire,au delà de l’événement lui-même et de ses conséquences, je retiendrai trois détails qui me semblent assez symptomatiques des années 2000 :

  • Internet : (obviously) Je vais pas épiloguer, nous savons tous que le 11 septembre a été le premier « gros » événement de la presse en ligne. A l’époque, ma ville suédoise étudiante était déjà parsemée de points internet en libre service (pratique pour les gens qui comme moi on besoin d’y aller toutes les demi-heures), j’échangeais des emails avec mes profs aussi bien qu’avec mes potes (pour se caler les soirées, et on se répondaient tous dans l’heure, preuve qu’on avait vraiment pas de mal se connecter). En France on était encore à la ramasse sur le sujet (quand je suis rentrée en France, j’ai dû expliquer ce que c’était qu’un email à une camarade de promo) (journalisme, la promo).
  • Erasmus : au mois de juin suivant, 10 jours après mon retour en France, est sorti « L’auberge espagnole ». Ce film m’a à la fois plu et déçu. Plu parce que bien évidemment j’y ai retrouvé beaucoup de choses de ce que j’avais vécu. Et déçu parce que la seule question qu’on me posait c’était « Alors, c’était comme dans l’Auberge Espagnole ? ». On pensera ce qu’on voudra de ce film (moi j’aime bien ça va), mais il a fait entrer le programme Erasmus dans les moeurs. En 2000, c’était encore un peu l’aventure, j’ai l’impression que désormais, le combo « année Erasmus + stages de longue durée » est un passage obligé pour les étudiants de grandes écoles.
  • Dawson’s creek (ou plutôt le fait qu’à vingt ans passés, j’ai pu considérer que c’était le seul programme télévisé digne de mon intérêt ce soir-là). Ce n’est pas tant le programme en lui-même (j’avais quelques années de trop au moment de la diffusion) (ce que ne m’a empêché de suivre à peu près les deux premières saisons) mais le fait que 10 ans plus tard, vers 20h45, j’aurai probablement fait le même choix. Il n’y a pas longtemps,a vec des amis, on avait loué un gite pour un anniversaire de 30 ans. Quand le propriétaire est arrivé, quelqu’un a dit « Attention ! Voilà un adulte ! » histoire de planquer les conneries. En 15 ans, on n’a pas beaucoup vieilli.

Commentaires

missbalagan (@missbalagan)

28 septembre 2011 17:17

C’est très drôle ton poste parce que :
- moi aussi j’ai regardé Dawson’s Creek bien trop tard
- Je suis partie en année Erasmus juste après et oui, tout le monde me posait la même question…
- Quant à internet, en Angleterre on avait le haut débit gratuitement dans nos résidences étudiantes mais j’avais un ordi portable déjà obsolète et je ne pouvais pas profiter de MSN Messenger :)

Jungle Julia

29 septembre 2011 17:17

Hey bonjour,

Et bienvenue ici.
Plus tard dans l’année, j’ai déménagé en cité U, et il y avait aussi du haut débit, mais en réalité, je n’ai eu un ordinateur chez moi que très très tard, j’avais trop peur de passer ma vie devant. (J’ai eu raison).

Ca me fait plaisir que tu sois venue :)