Posted in De bonne heure et de bonne humeur

La route

14 octobre 2010 - 18:02

Pendant un instant, toi, tu aurais voulu rester là, en haut, sur le plateau, là où c’est à peu près plat, là où les sommets ne bloquent pas ton horizon. Il y a la lumière de cette fin d’après-midi du tout début de septembre, elle t’enveloppe doucement d’un peu de chaleur et donne à tout ce qui t’entoure des reflets dorés.

Et puis finalement il faut commencer à descendre, à s’enfoncer dans la vallée. C’est pas facile, la pente de cette putain de route est à plus de dix putain de pour cent, la voiture est en surcharge depuis que t’as pris les trois auto-stoppeurs tchèques qui voudraient arriver en Bourgogne à temps pour les vendanges, y’a ta meuf à côté de toi qui ne dit rien mais qui reste enfoncée dans son siège la mâchoire crispée à fixer la route comme si l’intensité de son regard suffisait à maintenir le cap, la route descend toujours, et derrière toi, il y a cinq ou six voitures qui font la queue sans pouvoir te doubler, parce que de tous, c’est toi qui a la voiture la plus grosse, la plus longue, la plus lourde.

Alors tu continues à descendre, tu fais jouer le frein moteur à en faire péter ton embrayage, et puis tu finis par arriver dans ces villages, ceux qui sont à mi-chemin du fond de la gorge, même pas au fond, juste sur la route. Il est six heures du soir, à peine une demi-heure de plus, mais la lumière dorée du plateau n’est jamais arrivée jusqu’ici, ici, il fait froid, les maisons se serrent littéralement au bord de la route étroite. A ta gauche, il y a la paroi des montagnes, à ta droite le village qui s’est développé comme il a pu, en contrebas de la route. Il est six heures, mais la moitié des volets que tu vois sont déjà fermés, tu te dis merde, et puis tu réalises que probablement une partie de ces volets ne se sont pas ouverts de la journée, tu demandes lesquelles de ces maisons sont vides mais la réponse n’est pas évidente, qui reste encore dans ces villages de fond de gorges, là où la lumière disparaît trop vite derrière un horizon trop haut, tu demandes même pourquoi des gens se sont installés ici un jour, y ont construit des maisons.

Tu penses au plateau là-haut, là où un instant tu t’es dit que si, tu pourrais habiter là, alors que t’aimes pas la montagne, mais finalement, maintenant, c’est non, parce qu’il y a cette route qui te fait peur, ces villages sombres et inhospitaliers qui t’angoissent, tu ne t’imagines pas avoir à y passer chaque fois qu’il faut redescendre en bas. En ville.

Voilà, des fois, c’est comme ça. Tu as l’impression d’être au bord de cette route, coincé dans un de ces villages sans avoir aucune chance de remonter là-haut, là où la lumière est douce et dorée. Tu te dis que t’as raté un truc quelque part, que ta roue est crevée, tu écris des notes que tu ne publieras jamais, parce que si quelqu’un tombe dessus, il est fichu d’aller vérifier si t’as pas été mettre la tête dans le four pendant ce temps-là.

Tu crois tellement plus en rien que tu veux tout arrêter, arrêter de te battre pour obtenir quelque chose qu’on ne veut pas te donner, et tu envisages plutôt d’aller vendre du pop corn sucré au multiplexe du coin,

Et puis tout à coup, comme tu es obstiné, ça revient.

Non, c’est même pas ça.

Tout à coup, tu te rends compte que ça peut revenir. Qu’un jour peut-être, tu auras de la lumière douce et dorée.

Et puis il y a aussi François Justamente qui envoie des playlists de bonheur dans ton coeur.

Late Summer by DRXLR

Commentaires

Karibou

14 octobre 2010 18:02

Oui mais, parfois, dans une des maisons de ce village, il y a des amis… ils sont là et il suffit de frapper à leur porte… et ils seront heureux de t’accueillir avec un bon repas, devant un feu de bois qui réchauffent le cœur…

Karibou

14 octobre 2010 18:02

*(réchauffe) :p

Jungle Julia

14 octobre 2010 18:02

Non mais t’inquiète, ça va bien en ce moment (et notamment rapport à ce que tu sais), c’est même pour ça que je peux publier des posts pareils. Là, je réagissais plus à un autre blog, en fait.
Et sinon, ces villages, on y est passé avec Dirk cet été, le paysage était à couper le souffle, mais les villages… je t’assure, ça faisait froid dans le dos…

Karibou

15 octobre 2010 18:02

“ce que je sais”?? càd??

Jungle Julia

15 octobre 2010 18:02

Ce dont a parlé qd on est venu dîner chez vous.

Karibou

15 octobre 2010 18:02

Ah oui!! et c’est quand?

Jungle Julia

16 octobre 2010 18:02

C’est en cours, en fait.

stan

19 octobre 2010 18:02

YOUPI(?) alors!

Jungle Julia

19 octobre 2010 18:02

Non pas encore youpi…