Posted in De bonne heure et de bonne humeur

Trente ans et des poussières

20 décembre 2010 - 15:11

Aujourd’hui, on va parler du livre à la couverture en édition de poche la plus laide que je possède :

Apparemment, ça existe aussi sur fond jaune.

et accessoirement au titre le plus mal traduit.

Le titre original de ce livre de Jay McInerney, c’est « Brightness falls ». On ne pouvait pas présenter le contenu de ce livre plus clairement.

Corinne et Russell forment un jeune couple (de trentenaire donc). Elle est courtière en bourse, minuscule ouvrière dans la ruche de Wall Street, il travaille dans une petite maison d’édition, à la réputation prestigieuse pour ses choix audacieux de publication dans les années 60.

Le titre et la couverture française portent l’attention sur le couple Corinne/Russel. Le livre va bien au-delà de la description de leur vie de couple. Le vrai sujet du livre, ce sont les années 80. Où plutôt, comme l’indique le titre original, leur décès.

A mes yeux, on ne peut pas décrire une époque aussi bien que les années 80 sont décrites dans ce livre. Tout l’exubérance, la brillance et les paillettes (Brightness, donc, décrite par McInerney dans son premier livre « Bright lights, big city »), sont décrites dans les soirées new-yorkaises, les musées, les vacances à St Barth. On y croise tout ce qui a fait les années 80 à New York, les bidonvilles dans le sud de la ville, l’héroïne qui s’invite dans les salles de bains, le CBGB’s, les décès par pneumonies qui cachent mal une maladie dont on ne dit pas le nom.

Les personnages évoluent dans ce décor, Corinne la courtière qui prend de plus en plus de distance avec la Bourse, observant avec l’économie devenir de plus en plus « folle ». Russell de son côté, jeune éditeur près à défendre ses auteurs, se passionne pour les marchés et finit par lancer une OPA pour racheter sa maison d’édition. La culture se mêle au marché, pour finir par devenir un produit manufacturé comme les autres : Russell ne se passionne bientôt plus que pour les chiffres et l’argent, le financeur de Russel met sur le même pied la maison d’édition et les abattoirs de boeufs rachetés récemment, tandis que Corinne a dîné avec Salinger.

Le plus glaçant, dans ce livre, ce sont les similitudes entre cette période et ce qu’on pu être ces dernières années. L’actualité du livre me fait un peu froid dans le dos. Il y a un chroniqueur mondain qui s’appelle Juan Carlos mais qui pourrait tout aussi bien s’appeler Perez Hilton. Il y a la crise qui vient, qui balaye tous les projets sur son passage (Russell a d’ailleurs un commentaire intéressant sur le devenir de la maison d’édition à la fin du livre), et qui laisse la ville exsangue. A l’image du couple de Corinne et Russell, on sait qu’après une période de flou, ça repartira. Mais jusqu’à quand ?

McInerney a repris plusieurs fois les personnages de Corinne et de Russel (une fois dans une nouvelle qui est peut-être antérieure à trente ans et des poussières), et dans le roman « La belle vie », qui décrit le New-York post 9/11. Je me demande ce qu’ils sont devenus après 2008.

J’ai beaucoup trop réfléchi pour écrire ce post, la prochaine fois on parlera de Gossip Girl (vu que visiblement, je suis la dernière personne de tout l’internet à encore regarder).

Des liens qui vont bien :

Commentaires

Lyly June

20 décembre 2010 15:11

LE livre que je n’ai pas pu finir cet été, je crois que la vo était trop rude sur les termes techniques de la bourse et de l’édition. J’en suis restée à la moitié, en comprenant le sens globale des phrases, j’avais l’impression qu’il ne se passait rien. J’ai lu the Good Life avant, j’ai adoré (bien plus facile à lire), et j’ai été assez déçue par Brightness Falls du coup. Je crois que je vais le finir en français
(la couverture de mon édition en anglais est un verre de martini, tellement plus classe, et ce titre, on dirait de la mauvaise chick lit !)

Jungle Julia

21 décembre 2010 15:11

C’est marrant, moi c’est l’inverse. J’ai lu “The good life” (enfin “La belle vie”, puisque je les ai lu en français) avant aussi, et j’ai moins accroché. J’admets toutefois qu’il y a un “ventre mou” dans “Trente ans et des poussières”, mais j’ai littéralement été scotchée par les dernières pages….

June Prune

21 décembre 2010 15:11

oh non tu n’es pas la dernière. Je regarde encore Gossip Girl, vu que je suis la dernière de tout l’internet à m’y être mise. Et le pire c’est que je kiffe (bon, dans les limites de l’acceptable quand même) et que je cite même Chuck dans mes articles les plus sérieux sur Marx.

Jungle Julia

21 décembre 2010 15:11

Ah ? J’ai pas fait attention, pourtant je l’ai lu. Du coup je vais le faire cet article (enfin si je peux). :)

camille

22 décembre 2010 15:11

Je croyais qu’il n’y avait que la chick-litt qui avait le droit à des couvertures aussi laides !

Jungle Julia

25 décembre 2010 15:11

Il semblerait en fait que toutes les couvertures de cette collection aient les mêmes couleurs et le même genre de photos.

Il faudrait pendre certains éditeurs, si tu veux mon avis.