Croyez-moi, quand, comme moi, on a passé ces dernières semaines « dans un état proche de l’Ohio », ou « sur des montagnes russes », en deux mot dans un état incertain et fluctuant, on apprécie d’avoir des petites histoires auxquelles se raccrocher. Souvenez-vous des soeurs de Acosta.
En novembre 1940, alors que la guerre met l’Europe « à feu et à cendres » (je laisse aux lecteurs avisés le soin de retrouver l’origine de cette expression), une petite troupe de new-yorkais talentueux emménagent dans une maison de Brooklyn située au 7 Middagh Street.
Il y avait là entre autres Carson McCullers, (qui a bouleversé mon été avec ses histoires pleines de chaleurs et d’angoisses) ( et aussi mon hiver, j’ai fini la “La ballade du café triste” dans le bus puant la pisse qui m’a emmené de Londres à Manchester), Georges Davis, qui travaillait au Harper’s Bazaar et qui avait lancé toute l’affaire, les enfants de Thomas Mann, des écrivains, des musiciens, et la danseuse Gipsy Lee Rose, reine du Burlesque et du renouveau du strip-tease (déjà à l’époque, on n’a vraiment rien inventé), et dont la vie et celle de sa soeur ont forcément servi de point de départ au roman et au film « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?», mais Wikipedia ne veut pas me le confirmer.
On imagine volontiers le quotidien de cette petite communauté insouciante, fêtarde, gueularde et compliquée, en gros joyeusement foutraque. On envie les soirées enfumées, passées à rire, à danser et boire, les après-midi studieuses, les discussions inspirées, les tensions sexuelles, les engueulades, les jalousies propres aux artistes bourrés d’ego et aux gens torturés.
L’expérience de vie communautaire a toutefois été éphémère, puisqu’à l’été 1941, tout ce petit monde s’est dispersé. Plus tard, la maison du 7 Middagh Street a été détruite pour construire une voie rapide.
Rouler à 70 sur le pont de St Nazaire (soit être la seule personne à respecter la limitation de vitesse sur ce fichu pont)
Manger des gâteaux du Bourg de Batz
Je suis rentrée hier, et les vacances ne me manquent presque pas (j’ai bien dit presque), parce que les enfants, surtout ceux des autres, c’est mignon, mais seulement vingt minutes et si on est sûr qu’on peut les rendre après.
Pas quand leurs parents sont loin, et que vous êtes la seule personne de moins de 65 ans à vivre dans la même maison qu’eux.
Sinon, j’avais dit ici que je profiterai de mes vacances pour lire Sex, Drugs and Cocoa Puffs et Pride, Prejudice and Zombies. Je suis presqu’au bout du Klostermann, le pastiche de Jane Austen devra attendre un peu.
Le problème de la maison de vacances parentales, c’est qu’on retombe toujours la collection de Tintin qui semble toujours plus attractive et qui reste toujours aussi drôle, et puis il y a le livre des grandes énigmes de l’histoire qu’on ne se lasse pas de feuilleter (un bon conseil : lisez ce livre pour pouvoir suivre l’action quand vous lirez Le Pendule de Foucault). Et comme on a pris une carte à la médiathèque pour pouvoir coller les ch’tiots devant des DVDs les jours de pluie, j’en ai profité pour fouiller du côté de Carson McCullers pour pouvoir lire Frankie Addams, que je n’ai trouvé que lors de ma seconde visite, mais du coup je suis tombée sur Jay McInerney, qui n’est séparé de Carson que par Frank McCourt (mais j’avais déjà lu Les cendres d’Angela). Je me suis donc envoyée les trois volumes de la médiathèque (qui n’a pas Bright Lights, Big City, je suis un peu déception).
Ajoutez à cela la collection de VHS culte et le visionnage de « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » et de « Papy fait de la résistance » et le petit recueil de nouvelles de Lovecraft sur lequel je suis tombée par hasard, vous comprendrez que les livres que je peux ramener chez moi n’ont pas figuré sur la liste des lectures prioritaires.
Pourquoi est-ce que mes blogs préférés tournent essentiellement autour de la pop culture américaine ? Pourquoi est-ce que les blogueurs sont capables de disserter des heures sur Lady Gaga, Britney, John Hughes, les Valley Girls ou les super héros et que je ne tombe jamais sur un article un peu sympa qui me parlerait de la coccinelle de Gotlib ?
Est-ce que c’est parce que le Splendid a commis avec les Bronzés 3 au moment même de leur potentiel moment revival? parce que Christian Clavier a viré sarkozyte ? Jugnot choriste ? Jean Yanne un peu trop lourd ?
L’autre jour, je suis allée m’acheter des livres au Puces histoire de me changer un peu les idées.
Je suis donc revenue avec ça :
et ça
pour la modique somme de 1€.
Carson McCullers a publié son premier roman à l’âge de 23 ans.
Dans « Le coeur est un chasseur solitaire », nous sommes dans les années 30, dans le sud étouffant des Etats-Unis, et si tous les personnages de ce roman poursuivent leurs idéaux, personne ne s’en sort vraiment. Mick a douze ans, découvre la musique au hasard des fenêtres ouvertes sur les postes de TSF, et rêve, elle aussi, de jouer du piano, de devenir une grande musicienne comme « Motsart » ou Beethoven.
Il paraît que Mick ressemble beaucoup à Carson, et aussi à Frankie Adams, qui est l’héroïne d’un autre roman de Carson McCullers.
C’est de ce dernier roman que s’est inspiré Claude Miller quand il a écrit puis réalisé l’Effrontée. Et quand j’y repense, le personnage interprétée par Charlotte Gainsbourg n’est effectivement pas très loin de celui de Mick.
Donc de celui de Frankie ?
Donc de Carson McCullers ?
Ce n’est pas qu’elle est infréquentable, Charlotte, putain, qu’est-ce qu’elle est chiante.
Je n’ai pas vraiment besoin de vous expliquer pourquoi Christiane F. est infréquentable : elle vous le dira elle-même, il ne faut jamais faire confiance à un fixer. Le titre du livre est suffisamment éloquent pour que je n’ai pas à vous raconter l’histoire, si ?
Cela étant dit, Christiane dit quelque chose que j’ai aussi lu chez Eve de Punkfabrice.
Elle parle de la dureté des enfants vis-à-vis d’elle lorsqu’elle emménage, enfant, à Berlin. Elle parle de la nature qui lui manque, de son amour pour ses chiens. Eve raconte qu’elle a grandi dans la campagne, au milieu des champs. Elle raconte également qu’elle n’était pas préparée à la ville quand elle y est arrivée. Et aussi de son chien, son amour, qui donne son nom à son blog.
Moi qui ai grandi dans une demi-campagne à vingt minutes de la capitale, je n’avais jamais pensé au choc que la ville peut causer, quand on ne la connait pas.
La prochaine fois, on parlera peut-être encore de filles infréquentables, et si vous êtes gentils, je vous remettrai un groupe à un tube.