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Le cas Tavi Gevinson

9 mars 2010 - 20:31

Tavi, ca fait un moment qu’elle a le vent en poupe.


Son blog marche du feu de dieu, elle est assise au premier rang des défilés (encore qu’il paraît que les créateurs en ont marre des blogueuses au premier rang), elle pige dans les magazines de mode new-yorkais, tout le monde l’acclame pour son style et elle a 13 ans.


(A part ça, tout va bien. )


Modistiquement parlant, je ne sais pas.


Étant peu familière des magazines de mode type ELLE ou Vogue, ayant peu d’intérêts dans les défilés de prêt-à-porter ou de haute couture, et pas du tout intéressées par les blogueuses mode « institutionnelles » type Café Mode ou Garance Doré (en matière de blog mode je préfère le second degré), j’ai du mal a définir les critères qui permettent de reconnaître une personne « stylée » d’une personne « non stylée ».


C’est peut-être subjectif, je me demande parfois s’il n’appartient pas à certaines personnes de décider et que les autres doivent juste être d’accord. (Voir à ce sujet ceci ou cela).


Pour en revenir à Tavi, certes, je suis souvent perplexe face à son style. L’autre jour, alors que j’essayais chez Hennes & Mauritz une jupe taille  haute corolle tellement rigide qu’elle ressemblait à un tutu, avec mon Tshirt de la collection « Art by H&M » d’il y a deux ans (autant dire vintage) une chaussette blanche au pied droit et la même mais noire au pied gauche (oh ça va hein), je me suis dit que sur Tavi, ça aurait pu être chouette. Mais sur moi, non.


Seulement, chez Tavi, il y a aussi les textes.
Et plus que le texte, il y a ce qu’il y a derrière. Et dieu sait que chez les blogueuses mode, il n’y a pas souvent quelque chose derrière.
Dans le premier post que j’ai lu d’elle, elle parle d’un bouquin sur le féminisme des 90′s (bouquin sur lequel je tombe fréquement au cours de mes balades sur le web depuis), des Bikini Kill, de Courtney Love.


J’avais 13 ans dans les années 90s, j’aurais parfaitement pu écouter les riottt grls, mais à cet âge, je n’avais pas vraiment conscience :
– d’être un femme
– de la société qui m’entourait.

Je n’avais aucun recul et j’aurai bien été incapable de lire un livre sur le féminisme et d’avoir une opinion dessus. Tavi, elle, fait tout ça en vingt lignes, et finit son billet en annonçant qu’en plus, elle discute de tout cela très tranquillement avec l’auteur.


Le cas Tavi a divisé la presse.
Il y a ceux qui pensent que toute l’affaire est un montage, qu’il y a une « team Tavi » derrière la petite fille, et puis il y a les défenseurs.


Au début, je me suis aussi dit que c’était un fake. C’est plus rassurant.
Et puis j’ai lu son blog plus attentivement, j’ai regardé ses photos, ses vidéos et ses archives. J’ai compris un peu mieux son contexte familial, qu’elle a des grandes sœurs, qu’elles ont visiblement grandi dans un environnement souple et ouvert sur les cultures alternatives, que ses amies sont toutes plus âgées qu’elle.


J’ai pensé alors aux années de collège et aux gens un peu freaks. Ceux qui sont bizarres mais sympas, qui s’habillent différemment, qui ne sont pas branchés sur la radio FM qui déverse de la pop mainstream à plein tube, qui parlent de chanteurs et d’artistes dont vous connaissez à peine les noms. C’est pas qu’on ne les aime pas, mais on en sait pas trop quoi leur dire, on se sent vaguement pas à la hauteur. C’est tellement plus facile de suivre la masse informe des autres qui les regardent un peu de travers.


Tavi c’est une de ces geeks un peu sympa à qui les filles de son âge ne savent pas forcément quoi dire. Alors oui, avec du caractère et un environnement favorable, les filles comme Tavi peuvent exister.