Posted in De bonne heure et de bonne humeur

Orgueil et préjugés et quoi déjà ?

24 août 2010 - 23:01

Comme je l’avais annoncé au début des vacances, j’ai lu “Pride and Prejudice and Zombies”.

Ce n’est pas « Pride and Prejudice and Zombies » que ce roman devrait s’appeler, mais « Pride and Prejudice and Shaolin Kung Fu ».

Les soeurs Bennett sont devenues, sous l’impulsion paternelle, les plus terribles guerrières de l’Hertfordshire contre « l’étrange épidémie » qui fait sortir les morts de terre, mais honnêtement, elles se battraient contre une invasion de huns ou une horde de français déchaînés il n’y aurait pas vraiment de différence.

Depuis Romero, on avait pris l’habitude de voir dans les (bons) films de zombies une critique plus ou moins habile de la société.

Là, rien. Mis à part, donc, les aptitudes des soeurs Bennett, les zombies n’affectent en rien le cours du roman. On aurait aimé voir les obsédées du mariage, les fanatiques de l’étiquette, les Mrs Bennett, les Miss Bingley ou les Lady de Bourgh, voire même Jane et Bingley (trop niaiseux, finalement) finir en zombies décapités par une Elizabeth hurlante mais décidée.

Non, au lieu de ça, les personnages vomissent beaucoup (ça c’est un peu zombie), et Elizabeth, ne pense qu’à s’affliger les sept blessures rituelles pour se punir de son orgueil. A part ça, rien de neuf sous le soleil.

Le phénomène que je trouve fascinant avec ce bouquin, c’est de le rapprocher de l’univers de la série des « Thursday Next », de Jasper Fforde. Thursday Next, l’héroïne, en dehors de son boulot de détective littéraire aux Opérations Spéciales dans une Angleterre obsédée par la littérature, se balade également dans le monde des livres. Dans un des épisodes de la série (je ne me souviens plus lequel, désolée), il est décidé, à l’intérieur du monde des livres, de soumettre les personnages de littérature classique à une fiction-réalité, afin de relancer l’intérêt des jeunes lecteurs. A la suite d’épreuves, un personnage est exclu du roman à la fin de chaque chapitre par le vote des lecteurs. Et c’est donc à « Pride and Prejudice » de s’y coller pour la première saison.

Pride and Prejudice and Zombies, c’est comme si la réalité avait rattrapé le monde des livres : on a entraîné les personnages du roman dans l’espoir d’en faire des petites Bellas et des petits Roberts.

Et bien ça n’a pas marché.

Commentaires

Virgo

26 août 2010 23:01

Bon, ça fait pas trop dialogue, mais voilà la critique que j’en avais fait – qui rejoint un peu ce que tu dis, finalement (sauf que tu t’y connais mieux en zombies que moi)

“Les 4 points sont pour le titre, parce que j’aime bien Orgueil et Préjugés, et parce que les Zombies sont des êtres cools. Un vrai succès de roman hipstery à la cool. Best-seller de tout Urban Outfitters qui se respecte et j’en passe, oulà, ça fait rêver… A part ça, l’idée de départ est marrante et donne envie de lire le livre: l’auteur reprend la trame du classique de Jane Austen, il en reprend les mots, et remplace les chevilles narratives par de la bastonnade sanglante contre des zombies. En soi, ça pourrait marcher.

Mais.

Reprochez-moi d’être rigoriste, mais tant qu’à faire, j’aurais aimé que ça fonctionne en respectant les principes austeniens sur les relations humaines, sur la place des femmes dans la société anglaise, ou des choses comme ça. J’aurais aimé que les zombies aient envahi l’Angleterre géorgienne du début du XIXe siècle et pas le plateau d’un film archi-hollywoodien sorti en 2005. En bref, j’aurais aimé que l’auteur aime autant Jane Austen que Romero, et là, ça aurait été vraiment sympa. En l’état présent, ça ne fonctionne pas du tout, et finalement, c’est un peu d’un ennui magistral.

Une idée vraiment cool qui donne un roman pas très malin et pas très inventif. Dommage.”

Jungle Julia

26 août 2010 23:01

En fait, j’ai lu quelque part dans le monde de l’internet que le titre “Pride and Prejudice and Zombies” est venu à l’idée d’un éditeur, qui s’est dit que ça pourrait être hyper vendeur : il restait plus qu’à coller un roman derrière.

Et bien je trouve que c’est exactement ça, ajouté au fait que l’auteur revendique avoir “suivi à une époque des cours d’anglais”.

Ca manque clairement d’un minimum de réflexion sur l’oeuvre d’Austen (et quelque part je me demande s’il y a vraiment besoin d’en rajouter sur la caricature sur certains personnages), et ça manque de connaissance sur la symbolique zombies.

Mais maintenant la recette a l’air d’être franchisée..