Posted in De bonne heure et de bonne humeur
Ca y est j’ai déménagé
(ce qui ne veut pas dire que j’ai emménagé de l’autre côté, loin s’en faut).
Lundi 20 février
Lundi, il y a presque deux semaines maintenant, j’ai vu deux des trois médecins formidables. Le premier c’est mon généraliste. Comme d’habitude, il a remonté la liste de mes bobos passés en me demandant si ça allait bien, et puis (comme à chaque fois où il arrive à la ligne qui dit que j’ai fait un peu de dépression à une époque), il m’a regardé droit dans les yeux, pris une intonation profonde et il m’a dit : « et sinon, vous, ça va ? ». Je lui ai dit que ça allait, merci, et que je partais à Paris. Il m’a dit que c’était un beau projet.
Le deuxième médecin formidable (mon néphrologue), cinquante minutes et un hôpital plus loin, m’a dit à peu près la même chose. Dans son dossier, comme dans celui de mon généraliste, il sera noté que j’avais 13,7 de tension le 20 février 2012.
Après, j’ai poursuivi mon chemin vers la fac, j’ai traversé une dernière fois les vignes du Haut-Brion à vélo, il faisait un temps admirable (il a fait un temps admirable tous mes derniers jours bordelais). Je suis allée au beau bâtiment de la fac (quasiment un an jour pour jour après ma première fois) pour récupérer le papier qui disait que je m’en allais. Il n’y avait pas la musique de la boum, cette fois-ci, j’ai trouvé ça un peu triste.
(Le lendemain, j’ai enfin commencé mes cartons et mes premiers meubles ont commencé à partir, ça a été le début de la fin et aussi le début de la grande planification « avant /après ». Cette semaine-là a passé comme sur un nuage (sur un nuage sans eau chaude, par contre), mais tout ce qui devait partir est parti, tout ce qui devait venir est venu, car comme je me le dis souvent, ca va se faire. Même si c’est pas comme on aurait voulu, prévu, ça se fait. Et ça passe.)
Mardi 29 février
Bizarrement, je n’ai pas versé une larme quand j’ai quitté Bordeaux. Il faisait beau, la compagnie était bonne, c’était comme si on partait en vacances, comme avant. A deux heures de chez mes parents, quelque part en Beauce, le soleil a disparu et dix minutes après on a mis les phares. Paris ça pue.
On a traversé la banlieue triste le long de la N10, on est arrivé plus tard que prévu, on a vidé le camion, Paris ça pue encore plus.
Mes jambes en avaient profité pour déclarer leur amour pour la mère patrie : le bleu des ecchymoses et des veines, le blanc des mollets qui ont doublé de volume, le rouge des extrémités gonflés. Deux jours après, elles n’avaient toujours pas récupéré une taille normale. Paris se paie.
Les larmes sont venues le lendemain matin, quand, avec Dirk, on a rendu le camion. On parlait des bureaux en algéco, pas très sympas sous le temps gris et en bord de nationale, on a comparé avec ceux de Mérignac, en dur au moins. J’ai revu la matinée ensoleillée de la veille, la lumière, le père de Dirk qui nous a déposé et m’a souhaité bonne chance dans ma nouvelle vie. J’ai réalisé que ce camion était la dernière chose concrète qui me rattachait à Bordeaux, et qu’on venait juste de basculer dans « l’après », celui où tout m’attendait et pour lequel je n’avais encore rien organisé. Je me suis trouvée bête à pleurer là sur ce trottoir.
Dimanche 4 mars.
Faut pas croire que ça ne va pas, hein.
Ca va très bien.
J’ai déjà vu et rencontré plein de gens depuis que je suis arrivée. Et encore, j’ai pas revu les gens « de la vraie vie ».
Hier, j’ai raté ma sortie dans le métro (et quand je dis sortie, je ne dis pas station), j’ai donc raté ma sortie car j’étais trop occupée à regarder les affiches des prochains spectacles dans le métro. J’ai envie de tout faire, un peu comme j’avais envie de tout faire à une époque à Bordeaux.
Mon frère, que j’ai rejoint après, m’a dit « Ca passe ». C’est sûrement vrai. Mais quand même. (note pour plus tard : retenir que si en terme de débit, mon frère et moi avons une descente à peu près similaire, il pèse un certain nombre de kilos de plus que moi, et que la tête va donc me tourner bien plus vite qu’à lui. hem).
Voilà, la dernière chose qui me reste à faire c’est de rappeler mon autre frère en pleurnichant un peu, parce qu’hier j’ai été trop bête pour lui dire que je voulais venir chez lui. Plus simple. Moins seule. Mieux. Mais très improvisé. Tant pis.
Cerise
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