Archive
La saga WarGames – Le retour de David Lightman
(Rappel des épisodes un et deux)
Reprenons donc où nous nous étions arrêté la dernière fois.
David Lightman a la bouille de Matthew Broderick, est un adolescent à la cool, bien intégré, qui fait marrer ses potes en se moquant de ses profs et flirte doucement avec Jennifer, la jolie sportive de sa classe. La vie n’a pas l’air d’être trop compliquée dans ce qui est apparemment Seattle, ou au moins une de ses banlieues résidentielles.
Mais David a également un gros écran, des disquettes souples 10′ qui s’enclenchent dans le lecteur une fois qu’il a rabattu le couvercle (je me souviens d’avoir vu le même lecteur à la maison à cette époque), mais finalement, il s’en sert surtout pour modifier ses notes en s’introduisant sur le réseau de l’école.
Alors quand il veut pirater le serveur d’une boîte de jeu vidéo pour jouer à un nouveau jeu en avance, il se retrouve vite coincé.
Aujourd’hui, on se souvient de lui comme un des premiers geek, dans le sens de computer geeks (voir les ancêtres ici) . Un de ceux qui a contribué à la création d’un stéréotype auquel pourtant il ne correspond pas.
Ce qu’on oublie, c’est que quand David sèche, il va voir ses potes, qui bossent dans ce qui ressemble à un open-space bourré d’ordinateurs. Quand on lui demande qui ils sont, il répond que ce sont probablement eux qui ont inventé le système qui le bloque.
Et quoi ils ressemblent les deux génies ? Un gros avec T-shirt smiley, et un grand maigre avec des lunettes en cul de bouteilles. Qui ont peur des filles.
Oui, dans WarGames, c’est là qu’ils sont, les geeks. Ils m’ont fait un peu penser aux Lone Gunmen, la bande à Fox Mulder dans X-Files.
Dans cette séquence, il y a vraiment pleins de traits de caractères et d’anecdotes qu’on a revus un partout par la suite. Par exemple, l’incapacité à identifier les émotions, comme dans cette séquence de The Big Bang Theory :
Une fois que David a compris où chercher le mot de passe pour accéder au système, on le voit à la bibliothèque en train de chercher sur des petites fiches et des micro-films toutes les informations qu’il peut sur le professeur Falken.
Et là, intervient le vrai scandale du film.
David réussit à trouver le mot de passe du professeur Falken (et c’est d’ailleurs ce qui est présenté comme son plus bel exploit). Le mot de passe est « Joshua », soit le nom du fils décédé du professeur Falken.
J’aimerai donc qu’on m’explique comment, même en 1984, un scientifique qui met au point un système pour la défense nationale américaine peut choisir un mot de passe aussi peu sécurisé.
Non mais même ma mère sait qu’il ne faut pas choisir le prénom de son mari ou de de ses enfants comme mot de passe. (C’est pour ça qu’elle a pris le nom du chat).
(On va accélérer un peu si vous le voulez bien, sinon on c’est pas trois mais vingts posts que je vais faire sur WarGames. )
A partir de ce moment-là, l’action démarre vraiment, David va pénétrer dans le système en s’imaginant jouer à jeux de stratégies, il va choisir le camp des soviets et décider de bombarder Seattle et Las Vegas (city of Sin), l’ordinateur va décider de programmer une riposte dans les heures qui suivent, qui pourrait déclencher une troisième guerre mondiale, pour de vrai.
Entre-temps, David se sera fait repérer par le FBI, partira dans le Colorado, s’échappera du NORAD, soit le centre ultra-sécurisé où se trouve le commandement de la défense américaine (ce qui nous confirme que la défense américaine avait vraiment de grosses failles de sécurité au début des années 80), partira à Salem en Oregon mais reviendra dans les temps au NORAD (on se demande bien pourquoi il y a des barrières de sécurité, au NORAD, vu que visiblement tout le monde peut y entrer comme dans un moulin) pour sauver le monde. (et probablement se dégotter un bon poste dans la sécurité américaine une fois son bac passé, mais ça c’est une autre histoire. )
WarGames, un film réalisé par John Badham, avec Matthew Broderick, Ally Sheedy (1983)
J’espère que ça vous a plu, parce que figurez-vous que j’ai pas fini de vous parler de cinéma. Autant vous dire que les vacances de Noël vont être chargées (pour vous). Stay tuned.
WarGames, ou pourquoi je devrais me teindre les cheveux.
Comme nous l’avons vu la dernière fois, l’humain a été mis hors-circuit dans le système de riposte graduée américain. Désormais l’ordinateur WOPR (whopper, quoi) est le seul à pouvoir déclencher les fusées nucléaires en cas d’attaque soudaine de l’URSS.
Seul ? Non. Un jeune adolescent va s’introduire dans le système et mettre WOPR en état d’alerte en pensant jouer à un jeu vidéo.
David Lightman a la bouille de Matthew Broderick, est un adolescent à la cool, bien intégré, qui fait marrer ses potes en se moquant de ses profs et flirte doucement avec Jennifer, la jolie sportive de sa classe. La vie n’a pas l’air d’être trop compliquée dans ce qui est apparemment Seattle, ou au moins une de ses banlieues résidentielles.
En regardant le film, il y a quelque chose qui m’a frappé, d’autant plus que la veille, j’avais vu Mean Girls un film de lycée de 2004, avec Lindsay Lohan.
Il n’y a rien qui vous choque ?
En 1984, les deux héros deux films sont châtains.
En 2004, les ados sont blondes quand elles sont populaires, brunes quand elle sont afros, métisses, asiatiques ou gothiques et rousse quand c’est Lindsay Lohan. Mais plus aucun personnage principal n’est châtain, sans même le moindre reflet blond (ou brun si t’es un mec).
La seule vraie châtain, sans au moins un balayage ou un shampoing éclaircissant, c’est la prof de math à lunettes, la célibataire aigrie, en gros la pauvre fille, et surtout celle qui n’appartient pas par nature aux clans du lycée.
En vingt ans, plus personnes n’aborde sa couleur naturelle. Les teintures, les mèches, les balayages sont entrés en force dans les lycées, accentuant les couleurs, les reflets, et ne laissant plus de place à tout ce qui se situe « entre deux », comme le châtain est entre le blond et le brun. En 20 ans, l’apparence physique, et plus particulièrement la couleur de cheveux, est devenue dans la représentation des adolescents à l’écran un des signes distincts de l’appartenance sociale dans le microcosme d’un lycée.
Et si on se place à mi-chemin de cette évolution, qu’est-ce qu’on trouve ?
( regardez seulement les trois premières minutes )
En 1994, en moins de 3 minutes, Angela, 15 ans, nous déclare que « School is a battlefield for your heart », prend sa vie en main et se teint les cheveux en roux. Elle quitte ainsi la foule des anonymes et ses deux amis d’enfance aux cheveux sages, pour devenir officiellement amie avec Rayanne Graff, qui n’est pas encore brune comme le seront ses descendantes mais arbore une mèche décolorée parmi sa tignasse encore châtain.
Elle ne le sait pas encore, mais en moins de 3 minutes, elle vient d’ouvrir une nouvelle voie dans la manière de présenter les adolescents dans une fiction, dans laquelle s’engouffreront en autres les scénaristes de Dawson ou, dans un autre genre, Diablo Cody.
Néanmoins, si au cours des 19 épisodes, la couleur d’Angela s’estompe, elle ne disparaît jamais totalement, et je n’ai pas souvenir d’avoir revu depuis Claire Danes avec les cheveux châtains qu’elle arbore pendant les premières minutes de My so called Life.
Dix ans plus tard, les adolescents, dans les fictions qu’on leur destinent, ont la couleur de cheveux du groupe social auquel ils appartiennent au lycée, suivant une typologie établie probablement sur la base de Beverly Hills, diffusé à cette période. Et comme le choix se limite entre blond, brun, et roux, la couleur châtain naturelle, un peu trop « entre deux », non agrémentée de méchouilles blondes, a totalement disparu des écrans.
Edit : Pour compléter un peu le commentaire de Vinsh, je rajoute ici cette petite vidéo que je viens de trouver en cherchant : “Beverly Hills, Brenda meets Dylan”. N’ayant jamais été fan de Beverly Hills, je ne savais donc pas comment ces deux-là s’étaient exactement rencontré (OK, au lycée quoi), et ce qu’il s’en suivait. Mais il se trouve que ces extraits trouvent parfaitement leur place ici :
Tous ces extraits proviennent d’un épisode de la saison 1 intitulé “Higher Education“, probablement le premier ou le deuxième épisode de la série.
C’était vraiment très intéressant.
La prochaine fois, on parlera encore de représentation d’un groupe social à l’écran, mais toujours en partant de WarGames (oui, j’aime beaucoup ce film).
Et si on parlait cinéma
Ce qu’il y a de bien avec le cinéma des années 80, c’est qu’on a maintenant assez de recul pour pouvoir parler des films commerciaux grand public comme des chef-d’oeuvres du cinéma.
Il y a un mois, j’ai vu « SOS Fantômes » à la Cinémathèque Française.
Le film était précédé d’une introduction comparant le film à ceux des Marx Brothers et ceux de Laurel et Hardy.
Cette semaine, j’ai revu “WarGames“.
1. Au début de WarGames, on apprend que 22% des officiers américains ne sont pas prêts à balancer une bombe atomique juste parce qu’on leur dit de le faire. Les 22% d’officiers en question passent leurs samedis soirs à comparer l’afghane et la marocaine pour savoir laquelle fait le plus planer.
C’est un peu rassurant sur l’armée américaine.
2. Comme cette attitude ne plaît pas trop en haut-lieu, le pentagone décide de prendre une décision radicale : « to take the human out of the loop », à savoir virer tous les sous-officiers qui fument le samedi soir, et les remplacer par un ordinateur qui n’a pas de morale (ni les neurones embrumés par les excès dudit samedi).
A ce moment-là, on entre de plein-pied dans le cinéma de Kubrick, ce grand parano devant l’éternel dont les films reposent sur cette notion « d’erreur dans le système ».
On se demande si le docteur Folamour ne va pas entrer dans la pièce sur son fauteuil roulant et avec son bras raide et dressé pour s’installer autour de cette table.
Le système WOPR est donc mis en place, et pourtant, comme on le verra plus tard, c’est bien l’humain, sous la forme du jeune David Lightman, qui va mettre la pagaille sans le faire exprès.
(to be continued)
Le groupe à un tube du jour
Chumbawamba – Tubthumbing
(attention le chanteur fait un petit peu peur quand même).
Chumbawamba a sorti une tripotée d’albums, dont seule chanson Tubthumbing s’est imposée au grand public ( une sombre histoire de jeux vidéo et de coupe de monde. ) Tous ceux qui pourraient éventuellement apprécier les autres albums les détestent d’office à cause de tubthumbing.
C’est tout de même pas de chance.